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Carrefour d'opinions
2 février 2013

Réticence sud-africaine sur l'intervention française à cause de son désir d'hégémonie sur le continent

Ceci est un article de RFI.

Pourquoi l’Afrique du Sud est réservée sur l’intervention française au Mali

Zuma

Un soldat français, à Nionno, au Mali, le 20 janvier dernier. L'intervention française est vue en Afrique du Sud comme une volonté de maintenir la mainmise sur une ancienne colonie.
Un soldat français, à Nionno, au Mali, le 20 janvier dernier. L'intervention française est vue en Afrique du Sud comme une volonté de maintenir la mainmise sur une ancienne colonie.
REUTERS/Joe Penney
Par Sabine Cessou

Officiellement, l’Afrique du Sud approuve l’intervention militaire française au Mali. Mais en coulisses, le point de vue reste plutôt critique sur ce qui est perçu comme une nouvelle ingérence d’une ancienne puissance coloniale dans des affaires qui devraient rester africaines.

L'Afrique du Sud a mis de l’argent sur la table, le 29 janvier, lors de la conférence des donateurs sur le Mali à Addis-Abeba : 17,2 millions d’euros pour une aide humanitaire et le renforcement de la police malienne. Une manière de rappeler que « l'Afrique aide l'Afrique », comme l’a affirmé en termes diplomatiques la ministre de la Défense, Nosiziwe Mapisa-Nqakula.

En Afrique du Sud, on soupçonne toujours Paris de vouloir garder la mainmise sur une zone décrite comme la « French Africa ». L’accueil chaleureux réservé à l’armée française par les Maliens est passé inaperçu. A Pretoria, on assiste à une intervention française de plus, en contradiction avec les déclarations de François Hollande à Dakar sur la fin de la « Françafrique ».

« Trois mois exactement après sa grande annonce, les bottes françaises foulent une fois de plus la terre africaine, avec des généraux et des politiciens français aux commandes », note ainsi le journaliste sud-africain Simon Allison, spécialiste de politique africaine.

L'Afrique du Sud revendique un leadership continental

 

Les diplomates sud-africains partagent ce regard critique,même si leur gouvernement soutient l’intervention française. Il « n’y avait pas d’alternative », a ainsi expliqué le président Jacob Zuma à RFI.

Il n’empêche : le 20e sommet de l’UA, qui s’est achevé le 28 janvier, avait bien pour thème le « panafricanisme et la renaissance africaine ». Deux idéaux chers à l’Afrique du Sud, qui voudrait que les problèmes africains soient réglés par des Africains.

Voilà pourquoi Pretoria a dépêché une force de 400 hommes en Centrafrique, début janvier, de manière unilatérale, pour protéger des rebelles, avec une force d’Afrique centrale et quelque 600 soldats français, le palais présidentiel occupé par François Bozizé.

Pretoria revendique par ailleurs son statut de leader continental, qu’il se dispute avec le Nigeria. Pays membre du mouvement des non-alignés, l’Afrique du Sud a obtenu en octobre 2010 un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.

Le pays participe à hauteur de 1 073 militaires et policiers à la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco). Il a bataillé pour imposer en 2012 Nkosazana Dlamini-Zuma à la présidence de la Commission de l’UA. Cette dernière a cependant avoué, non sans une certaine gêne, que l’UA a été prise de court lorsque les islamistes ont avancé début janvier au Mali vers la ville de Konna.

Des positions critiques sur la Libye et la Côte d’Ivoire

L’Afrique du Sud a-t-elle les moyens de ses ambitions ? L’UA sous sa présidence avait été très critique au sujet de l’intervention de l’Otan en Libye. Jacob Zuma avait cependant été mis à l’écart, alors qu’il tentait une médiation avec Mouammar Kadhafi.

Lors de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, il avait d’abord manifesté sa sympathie avec Laurent Gbagbo, étant l’un des rares, avec l’Angola, à n’avoir pas reconnu Alassane Ouattara comme président élu.

Zuma avait revu sa position, après une visite à Paris, début mars 2011, pendant laquelle il avait discuté de programmes nucléaires civils avec Nicolas Sarkozy. Il avait ensuite plaidé pour une solution négociée à Abidjan, pour finalement se rallier au soutien de l’UA à Alassane Ouattara. Son prédécesseur, Thabo Mbeki, avait fermement critiqué l’intervention française.

Pour une fois, Zuma a été consulté par la France

 

Jacob Zuma, ici à Davos le 23 janvier 2013, a jugé qu'il n'y avait «pas d'alternative» à l'intervention française.
REUTERS/Joe Penney

Aujourd’hui, des observateurs en Afrique du Sud notent que le rôle de la France au Mali est « très différent » de celui qu’elle a pu jouer en Côte d’Ivoire.

C’est ce qu’affirme Siphamandla Zondi, un chercheur de l’Institute for Global Dialogue (IGD) cité par l’hebdomadaire sud-africain The Mail & Guardian. Cette fois, souligne-t-il, la France a agi à la demande du gouvernement malien. Et surtout, Jacob Zuma a été consulté, François Hollande ayant pris la peine de lui téléphoner.

Des responsables sud-africains n’en ont pas moins remis en question, dans les coulisses, la rapidité de l’intervention française, lancée deux jours seulement après la demande des autorités maliennes. « Comme si la France avait prévu d’intervenir dès le départ », note The Mail & Guardian.

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